Projets de recherche
Ma thèse de doctorat et mon réseau de recherche
Ma thèse
Invention de la terre et production des “anormaux” dans le dispositif foncier en Afrique : Penser le pouvoir et la résistance à l’accaparement des terres en Afrique des Grands Lacs
Résumé en français
A partir des pratiques d’accaparement des terres par les élites locales en Afrique des Grands Lacs, ce travail propose un double renversement de la manière dont sont pensées les dynamiques d’accès à la terre en Afrique subsaharienne. Tout d’abord, si jusqu’à présent la socio-anthropologie foncière africaine a pensé les dynamiques foncières à partir de l’approche de l’acteur stratégique, c’est parce qu’elle présuppose que l’accès à la terre est régi par des rapports de pouvoir composés exclusivement des stratégies des acteurs. Or, l’observation de terrain montre que ces stratégies n’opèrent qu’à partir du moment où elles arrivent à s’articuler avec un système discursif ou structural de légitimation. En d’autres termes, pour accéder à la terre, les élites ont recours à la contrainte physique, au discours, à des systèmes de différentiation et aux techniques de gouvernement (modalité stratégique d’accès) légitimés par l’idée de l’État, l’appropriation privative des terres et l’orientation productiviste de l’usage des terres (modalité structurale d’accès). Ensuite, au lieu de penser ces stratégies simplement comme un moyen pour les élites d’atteindre leurs buts, ce travail propose de voir, à partir de ces stratégies, la manière dont les dispositifs de pouvoir tentent de constituer les paysans en sujets. En effet, l’observation des dynamiques foncières entre 1885 et 2016 révèle que la construction de la terre passe par un processus de production des savoirs, des institutions et des pratiques déterminant qui peut accéder à la terre. Il s’agit d’une tentative de normalisation des relations autour de la terre à laquelle les paysans devraient se conformer. La désignation des paysans contestataires comme anormaux justifie leur répression et montre en même temps leur refus d’assujettissement. Finalement, à partir de l’étude de l’accaparement des terres comme élément constitutif de la modernité politique, ce travail propose une critique post-coloniale du projet anthropologique de création des sujets ruraux devant se conformer au dispositif néo-libéral plus global. Dès lors, le travail propose des nouvelles bases pour une politique de la terre qui parviennent à penser ensemble les rapports de pouvoir et un accès juste à la terre.
Abstract in English
Starting from an empirical study of land grabbing by local elites in the Great Lakes region of Africa, this work sets out to re-think the way in which dynamics of access to land are conceptualized in sub-Saharan Africa in two ways. First, it questions the ‘strategic actor’ approach to understanding land politics, which argues that land regimes are mediated by relations of power that rests entirely on actors’ strategies. Instead, empirical observation suggests that such strategies are accompanied by a discursive, structural systems of legitimation. In other words, elites access land through physical action but also through discourse. They do so through systems of differentiation and through different techniques of government legitimated by the state discourse, by private appropriation of land and by a productivist approach to it. Second, rather than analyzing these strategies only as a means for elites to access land, this work shows how they are an apparatus of power, which produce subjects out of peasants. The analysis of land dynamics in the Great Lakes region from 1885 to 2016 shows that the social construction of land is only possible through the production of knowledge, institutions and practices regulating access to land. Through this processes, elites try to normalize a set of relations around land to which peasants are required to conform. Failure to do so results in some peasants being labeled as ‘abnormal’, highlighting both their refusal to conform as well as the repression that they are subjected to. Finally, starting from a study of land grabbing as a constitutive element of political modernity, this work presents a post-colonial critique of the neo-liberal project requiring an anthropological re-configuration of peasants as subjects through a global apparatus. On the basis of this critique, this work argues for new land policies that may enable a re-conceptualization of power relations as well as new modalities that may lead to more just access to land.
Réseaux
Séjour de rechercheur
University of Cambridge 2022
Visiteur académique en séjour de recherche, Arborada Fellowship. Département d’études politiques et internationales, UK
University of Cambridge 2020
Visiteur académique en séjour de recherche, Derek Brewer Fellowship. Département d’études politiques et internationales, UK
University of Oxford 2019
Visiteur académique en séjour de recherche, The AfOx ASC Fellowship. École des études internationales et régionales, UK
Harvard University 2016
Visiteur libre dans le cadre d’une immersion linguistique (avec Kaplan), UCLouvain Fellowship. Participation à une série de conférences et séminaires
Université catholique de Bukavu 2013
Visite de recherche dans le cadre de la formation doctorale, FNRS Fellowship
Chercheur associé
Membre associé de Wolfson College Depuis 2022
University of Cambridge, Département d’études politiques et internationales, UK
Membre associé de Emmanuel College Depuis 2020
University of Cambridge, Département d’études politiques et internationales, UK
Membre associé de St Antony’s college Depuis 2019
University of Oxford, African Studies Centre, UK
Chercheur associé au DVLP Depuis 2018
Université catholique de Louvain, Centre d’études du développement
Chercheur associé au CREAC Depuis 2018
Reference Center for the expertise on Central Africa
Chercheur associé au CETRI Depuis 2018
Centre tricontinental, Belgique
Affiliations
Membre de International Studies Association, Storrs, USA (depuis 2019)
Participation aux colloques annuels, boursier 2020
Membre du CODESRIA Depuis 2018, Dakar, Sénégal. Membre actif du réseau, participation à un programme de recherche
Participation aux Ateliers de la pensée de Dakar (coanimés par Achille Mbembe et Felwine Sarr), Dakar (depuis 2016)
Membre de African Studies Association, New Jersey, USA (depuis 2016)
Participation aux colloques annuels, boursier 2019
Membre de African Peacebuilding Network, New York, USA (depuis 2015)
Membre actif du réseau, collaboration à des publications et organisation des conférences
Membre de International Political Science Association, Montréal, Canada (depuis 2013). Participation aux colloques annuels
Edition
Membre du comité de rédaction de Canadian Journal of African Studies (depuis 2020) : revue en sciences humaines en Afrique
Coéditeur des Conjonctures de l’Afrique Centrale (depuis 2018) : publications annuelles sur l’Afrique centrale avec comité de lecture en double aveugle
Coéditeur des Bukavu series (depuis 2018) : publications sur les défis éthiques et émotionnels de la recherche en Afrique
Membre du comité de rédaction de Contemporary African Studies Journal (depuis 2017): revue en sciences humaines en Afrique
Coéditeur des Conjonctures congolaises (2017-2018) : publications annuelles sur la RDC avec comité de lecture en double aveugle